L’année 2024 devrait être une année record pour le transport aérien. Encore faut-il se démarquer dans le jeu de la concurrence européenne.

Toutes les régions du monde sont redevenues profitables l’année dernière, une tendance confirmée à la hausse début 2024 selon IATA (Association internationale du transport aérien).
Pour 2024, IATA espère une croissance de 10,4% du nombre global de passagers. Le dernier record s’établissait à 4,54 milliards de personnes en 2019. La progression la plus importante est prévue pour l’Asie tirée par la croissance de son marché intérieur.

Pour l’Europe, la demande devrait rester forte malgré des taux d’intérêt élevés et des risques de frictions avec les personnels. En 2023, les développements de marché ont été portés par l’Europe de l’Est et Centrale qui enregistraient les croissances de passagers les plus importantes en s’appuyant notamment sur les compagnies low-cost. L’Europe de l’Ouest s’est montrée résiliente malgré l’impact toujours présent de la guerre en Ukraine sur le trafic avec l’Asie et le Pacifique. L’Italie et l’Espagne ont affiché une croissance importante tant en trafic intérieur qu’international.

La France a retrouvé son niveau de trafic en 2023 grâce aux échanges internationaux vers toutes les régions et plus particulièrement avec les pays du Sud de l’Europe, du Maghreb, de la Turquie et d’Amérique du Nord. Cette hausse du trafic international vient compenser la baisse du trafic intérieur qui se restructure laissant une place importante au développement low-cost. Dans l’hexagone, cette proportion atteint même 43,2% des low-cost contre 33% au niveau mondial (source OAG – Union des aéroports français).

Dans ce contexte, les mouvements de consolidation se poursuivent en Europe. Air France-KLM fête ses 20 ans cette année. Durant ces deux décennies, IAG s’est largement développé en intégrant entre autres Ibéria, Vueling et attend actuellement la revue de la Commission Européenne pour l’acquisition d’Air Europa. Lufthansa s’est étendue avec notamment Eurowings, Swiss, et Brussels. Elle attend également un retour de la Commission européenne pour finaliser l’acquisition d’ITA Airways. Air-France – KLM, après des tentatives couteuses avec Air Italia, a pris cette année une participation minoritaire qui peut évoluer dans deux ans afin d’intégrer la compagnie SAS. Le hub de Copenhague est complémentaire avec son offre actuelle. La compagnie est également intéressée par TAP Portugal qui permettrait un accès privilégié vers l’Amérique du Sud.
Au-delà des mouvements de consolidation, les compagnies font face aux contraintes qui pèsent sur les constructeurs avec les crises de fournitures de matières premières comme l’acier et le titane. Tout le secteur s’organise afin de développer la résilience des chaines de production et limiter les dépendances. Cependant, les retards annoncés de livraisons d’avions vont, d’un côté limiter les sièges disponibles et certains plans de croissance, et de l’autre avoir un potentiel effet à la hausse sur la profitabilité en limitant l’offre. Avec la réalité des retards de livraison et la hausse des taux d’intérêt, le prix de location des avions est largement en hausse. La gestion de ses contraintes va peser différemment sur les compagnies selon leur stratégie notamment de modernisation des flottes.

D’autant plus, que les prochaines politiques publiques vont également jouer un rôle majeur dans les possibilités de développement de l’industrie. Le transport aérien est une industrie mondialisée nécessitant pour un fonctionnement optimal : une collaboration généralisée. Surtout dans le contexte de réchauffement climatique qui pourrait ralentir la croissance des différentes régions du monde plus que prévu. Pour atteindre la neutralité carbone, les compagnies ont besoin de s’appuyer sur les autorités. Or, ces dernières années confirment une perte d’influence des institutions internationales et une tendance au repli sur soi des pays avec le retrait de l’UK de l’Europe et la politique qui avait été menée par Trump par exemple. Cette situation peut s’avérer particulièrement problématique face aux enjeux climatiques et industriels que doit relever le secteur dans les prochains mois et années. Air France-KLM va devoir piloter minutieusement pour tirer son épingle du jeu concurrentiel européen tout en renforçant sa solidité financière.

A propos du service analyses économiques et sociales

La mission du service analyses économiques et sociales se décline en trois activités : accompagnement des commissions et sessions centrales ; Information des salariés en matière d’actualités économiques et sociales ; Assistance du Bureau du CSEC.